mardi 28 juillet 2015

Quelques arbres : épisode deux

Lorsque les parents ont acheté le terrain du mas , c'était a peu près ça.....

Un vrai désert européen !



Et je n'exagère pas, le soleil tape, je bois de temps en temps de l'eau teintée mais je ne mens pas, la preuve en photo.

Pour le premier noël, nous nous sommes cotisés et avons offert à papa un arbre( il a 40 ans cette année, l'arbre, pas papa) :

Il va avoir un toilettage cet été, du moins dixit fiston


Le Pin pignon (Pinus pinea) qui parade devant le mas. 
Il a mis un temps fou pour pousser et comme à l'époque l'herbe et surtout la terre était rare, et je ne parle même pas de l'eau : c'est simple cette dernière denrée n'existait pas (nous avons eu notre forage en 2003 !) il a mis du temps à démarrer. Donc, dans un pays de Pagnol on se serait cru chez Manon des Sources. 

Au début on habitait au village on amenait tout ici, pour les lapins : un élevage de 100 mères lapines, 1.5 hectares de fraisiers... je vous laisse deviner que pour l'arbre il ne restait pas toujours grand'chose. Il a été arrosé avec parcimonie et même parfois avec l'eau du caillé des fromages de chèvre, c'est dire.
Enfin, il a fini par grandir tranquillement. Pour l'instant ce n'est qu'une jeunesse, lui aussi, car il a encore son port sphérique, il terminera en pin parasol dans quelques décennies. Pour l'instant nous en sommes loin, il est toujours en boule... surtout que lui aussi il me survivra, les 250 ans ne lui font pas peur, à condition qu'un imbécile n'y mette pas le feu...
Il culminera vers les 20 mètres à la fin de sa croissance. D'après certains il ne survit pas sous - 15°C, mais bon c'est une question d'âge de l'arbre je suppose.

Grâce à cet arbre nous avons eu tout de même un léger amendement du sol à ses pieds, avec la perte de ses aiguilles il se forme un tapis qui acidifie quelque peu le terrain calcaire, je ne pourrais jamais planter des rhododendron, mais bon... il y a d'autres plantes qui aiment un sol un petit moins alcalin. J'ai même lu qu'il n'aimait pas les sols calcaires, hi, hi, il  démontre que c'est faux.
Les pignes sont ramassées, avant que j'ai le temps de dire ouf, par des écureuils qui s'en régalent. Les pignes peuvent très bien servir en cuisine, d'ailleurs dans la cuisine méditerranéenne le pignon revient assez souvent, à la place des noisettes. Mais dans nos contrées elles n'arrivent à maturité que tous les 3 ans, je dirais plutôt les années chaudes (ou tièdes pour nos considérations).
Ah oui, j'oubliais, c'est un arbre pionnier, il s'installe dans les premiers sur un terrain inculte et il prépare l'arrivée d'arbres qui ont besoin d'un premier couvert forestier pas trop dense pour prospérer.
Dans les Landes il est cultivé sur maintes hectares, ce qui ne se pratique pas sur le bassin méditerranéen où on le retrouve sous forme de pinèdes sauvages ou alors toujours dans les jardins juste autour des mas.
En 2003, annus  horribilis pour mon jardin, il a fait la tête et perdu sur certaines branches une partie de ses aiguilles. Mais à l'époque nous avons enregistré 54°C a 30 cm du sol.... (no comment) et s'en est suivi une perte faramineuse d'arbres et arbustes sauvages.
Par contre depuis, nous avons constaté une génération spontané de pins dans tous les coins du terrain, en tout ils sont une bonne trentaine. Ils ont donc 12 ans cette année. 
En voici un : tenu sans arrosage, sans engrais, je le contemple et c'est vraiment tout ce que je fais.
La relève, faut pas être pressé...



Les botanistes vous diront que c'est normal, après un feu de garrigue, ce sont les premiers arbres qui se réinstallent, leurs graines ont besoin d'une très grande chaleur pour germer : un bien qui sort d'une catastrophe, la nature est géniale.

En dehors du feu il a un autre ennemi, héréditaire lui aussi, c'est la chenille processionnaire. Elle forme des cocons avec des milliers de chenilles à l'intérieur et la nuit elles sortent de leur cocon pour dévorer les aiguilles. Elles peuvent tuer les arbres en une saison. 
Il existe un produit toxique pour ces bestioles mais n'est utilisé qu'à titre exceptionnel et que par des agents de l'ONF.
Le seul moyen de lutte des particuliers c'est de couper la branche et de la brûler. Attention cependant, car les cocons et les chenilles sont particulièrement urticantes et il vaut mieux être bien équipé ou alors laisser faire des professionnels qui en ont l'habitude. Bon, ces satanées bestioles ne reviennent toutefois que tous les sept ans environ, par vagues, et la dernière date d'il y a 4 ans dans mon petit coin. Actuellement on déverse du Bacilius Thuringiensis par les airs lorsque des arbres d'alignement sont touchés. 
On le retrouve d'ailleurs sous forme d'arbre d'ornement le long des voies communales et des lotissements.
Son bois est utilisé sous forme de lambris ou de lames de parquet, il existe même un label "pin des landes". On extrait aussi sa sève par des incisions dans les troncs.
Et on fabrique l'essence de térébenthine avec leurs aiguilles. Essence de térébenthine qui mélangée à 50/50 avec de l'huile de lin permet de nourrir nos équipements de jardin en bois.




Le deux formes de cyprès, l'un à côté de l'autre



Autre arbre que vous retrouvez une fois passé Valence, c'est le Cyprès de Provence (Cupressus sempervirens).

C'est un conifère mais sans aiguilles, il sort tout droit d'un temps révolu, il existe depuis l’ère tertiaire, il fait donc partie des fossiles. Ses "feuilles" qui n'en sont pas et pourtant, puisque ce ne sont pas non plus des aiguilles, son mode de reproduction, le fruit  (les cônes)... bon je m'arrête là pour le cours de botanique. 

Ici dans le midi on le plante côté nord des maison, afin de s’abriter un tant soit peu du mistral, ou alors tout simplement pas loin de la maison. 

Autrefois quand une fille naissait on en plantait un certain nombre : lorsqu'elle se mariait les cyprès étaient abattus, pour que les troncs servent à la charpente de sa demeure. D'ailleurs le bois de cyprès est connu pour son imputrescibilité. Les portes d'entrée de Saint Pierre à Rome étaient faits en cyprès (elles ont duré environ 1200 ans). On dit que de même la porte du Temple de Salomon à Jérusalem (mais vérité ou anecdote ?) était en cyprès.  En tout cas le cyprès pousse relativement vite pour une longévité assez conséquente : il atteint ses 20-25 mètres de hauteur en 30-40 ans environ pour, si on le lui permet, l'âge vénérable d'environ 500 ans. Lui aussi.

En général, vous vous le représentez en forme de chandelle, mais le plus souvent Monsieur a une forme pyramidale. La forme en chandelle est sélectionnée par les pépiniéristes car c'est elle qui est demandée par les amateurs. Dans la nature la forme pyramidale est la plus représentée. Comme vous pouvez le voir, chez moi la majorité,  est en pyramide.

Il supporte notre climat et ne soufre pas de la sécheresse, je dirais une fois bien installé, comme tous les végétaux. En tout cas les températures négatives ne lui font pas peur, à condition qu'elles ne durent pas trop longtemps. Les rares fois où l'hiver en a décimè ce fut en 1956 et en 1985 : des gelées à -15°C, -20°C et durant des semaines pour le premier épisode et deux semaines pour le second. Et encore les dégâts ne furent pas uniformes sur tous les arbres : ce sont les plus jeunes qui n'ont pas survécu.

On en plante aussi dans les cimetières, leurs racines pivotantes enfonçant n’abîment pas les tombes et comme c'est un arbre frugal il s'adapte aussi aux sols pauvres et caillouteux, ce qui ne manque pas dans le midi. 
Dans les Cévennes on en voit au fond des champs, pas loin des mas, ou des hameaux : en général ils indiquent le cimetière familial des protestants puisque ces derniers n'ont pas pu être inhumés dans les cimetières officiels durant des siècles. Ils étaient donc enterrés sur leur propre lopin de terre. Ce sont des endroits que tout autochtone respecte et beaucoup font un signe de la croix, voir une courte prière lorsqu'ils passent auprès d'un tel arbre. A leur pied il y a rarement plus d'une pierre, sans nom ni signes distinctif, il faut donc le savoir. De  très rares fois il y a une maisonnette en pierre : c'est le tombeau familial avec un cyprès à côté, ça c'est pour les gens ayant de l'argent et comme les Cévennes n'étaient pas réputés riches, vous n'en trouverez pas souvent. Ces cimetières familiaux ont toujours le droit d'être utilisés et le sont par les descendants des parpaillots.

Vous pouvez le planter en isolé, par deux ou faire une allée comme certains mas du côte d'Aix-en -Provence qui se prennent pour une villa en Toscane. Tout lui convient. Même la plantation très près de la maison.

Il ne craint pas grand'chose mais a ses parasites comme nous tous : des pucerons, des cochenilles, des scolytes qui peuvent anéantir un jeune arbre, des acariens et surtout le chancre contre lequel il n'y a pas grand'chose à faire sinon couper les branches et si tout est atteint l'arbre en entier.

Je me permets de rappeler ici que si dans votre jardin vous avez un végétal qui, une fois le diagnostic posé, souffre de maladies virulentes vous êtes tenu de le signaler à votre mairie et aux services départementaux de protection des végétaux. Je pense notamment aux maladies des chancres, les maladies des palmiers avec leur papillon et autres dépérissements brutaux. Il s'agît de protéger votre propre jardin de la dissémination de la maladie en question et aussi les jardins des environs. 
Bien entendu ce genre de végétaux n’atterrit pas sur le compost mais est brûlé sur place avec toutes les précautions, surtout la désinfection totale des outils ou de la tronçonneuse (il faudra la démonter entièrement pour la désinfecter partout !). 


Aujourd'hui le cyprès  est presque exclusivement utilisé pour donner un petit air du midi au jardin. Mais autrefois il fut utilisé aussi pour la construction navale car il est peu sensible aux champignons, mollusques et surtout termites. Les civilisations anciennes, égyptiens, grecs, romains l'utilisaient pour les bateaux, les portes, les charpentes, la menuiserie, l'ébénisterie. Actuellement des apiculteurs provençaux font fabriquer des palettes en cyprès sur les quelles ils posent les ruches. Certaines guitares de flamenco sont faites en bois de cyprès, elles ont un son magique.

Nos anciens, en dehors de fabriquer un tas de chose avec le bois utilisaient le cyprès aussi comme médicament. On sait aujourd'hui que les "noix de cyprès" sont un grand remède naturel du système veineux, et notamment pour soigner les poussées hémorroïdaires. L'huile essentielle , mélangée à d'autres huiles essentielles est presque une panacée : elle soigne la coqueluche, la sinusite, la bronchite et trachéite, elle aide à la ménopause, apaise les règles douloureuses et j'en passe des fatigues nerveuses. Mais attention, elle est a utiliser avec précaution car elle est très puissante et pas sans avis de spécialistes.

Cet été, quatre de nos cyprès vont vivre leur dernière heure : deux parce qu'ils poussent à travers la ligne électrique et que nous sommes tenus de les abattre. Un est malade et le dernier pour garder une certaine  harmonie, une fois les autres abattus. 
Mais comme tout, ce n'est pas la fin mais une nouvelle étape car leur disparition va me donner davantage de lumière sur deux plates bandes.




P.S.Petite nouvelles du potager : 
les oignons et aulx sont rentrés, avec 3 semaines d'avance. 
Les framboisiers et fraisiers continuent de me régaler en petits fruits. 
Mes courgettes d'Alger, (couleur vert très clair) sont superbes, c'est une variété qui supporte bien le sécheresse et vu les températures de cette année... D'ailleurs j'en ai semé et plantés d'autres qui prendront le relève. 
Les aubergines ne sont pas en reste, tout comme les poivrons. 
Les seuls qui font la tête sont les haricots et même eux continuent de me donner quelques uns pour mettre dans la salade. Ils ont été dévastés hier par un lièvre, tondus à ras serait plus juste, pas d’inondations de haricots donc.
Les tomates prospèrent mais la chaleur leur donne un coup d'arrêt ce qui fait qu'elles rougissent moins vite, et oui, même elles font la sieste. 
J'avais planté du basilic à l'abri des plants de tomates eux prospèrent avec les tagètes nématocides. 
Les raisins sont aussi de la partie et j'espère avoir du raisin de table pour mi-août.
Par contre les pommes sont tombées en nombre, dégâts dus à la sécheresse. 
Les jeunes amandiers  sauvages ont du mal malgré un arrosage par semaine. 
L'herbe est plus que brûlée, la terre est à beaucoup d'endroits presque de la poussière, on se croirait en bordure du désert, d'ailleurs le vent et la chaleur viennent du Sahara.
Je vais finir par faire la danse de la pluie, depuis deux mois pas une goutte. 
Tout souffre : les buis sont marrons et les thyms on dirait qu'ils ont séché sur pied. 
La seule touffe verte est la sarriette, d'ailleurs il est temps que j'en coupe, et que j'en sèche de mon herbe à fayots : en mettant un brin dans vos haricots et autres fayots vous les digérerez mieux.